NOTES
Stésichore est ordinairement évoqué pour ses démêlés avec Hélène que les dieux auraient vengée d’écrits désagréables à son endroit en le rendant aveugle. C’est à l’article PHALARIS du Dictionnaire de Moreri que se trouve ce que Hugo a retenu.
Phalaris, tyran d’Agrigente, avait fait construire un taureau d’airain où il mettait à cuire les grands criminels et qu’il essaya d’abord sur son inventeur. Une collection de ses lettres a été conservée.
« Les lettres adressées à Stésichore, poète lyrique, qui était de la ville d’Himère, ou celles dans lesquelles il est fait mention de ce poète, sont curieuses. On y voit que comme Phalaris avait été en guerre contre les Himériens, Stésichore, prenant le parti de sa patrie, avait fait des vers et excité ses compatriotes contre lui. Phalaris voulut contraindre les Himériens à le lui livrer, et sur leur refus il les menaça de les perdre. Il écrivit aussi à Stésichore une lettre pleine de railleries amères et de termes de mépris. Le poète, qui avait part au gouvernement de sa patrie, n’en fut que plus irrité contre Phalaris, qui lui écrivit de nouveau pour lui reprocher qu’il devenait infidèle aux muses en voulant se mêler de guerre […] et il lui fait les plus terribles menaces. Stésichore ne laissa pas que d’assembler ses troupes, et de se mettre en marche contre Phalaris. Mais il fut pris et conduit à ce prince, qui voulut d’abord le faire mourir, mais qui lui rendit peu après la liberté, "non pas en votre considération, écrit-il aux Himériens, mais en faveur des muses qui le protègent et de demi-dieux qui habitent la terre d’Himère, dont il a chanté les louanges". »
On comprend l’intérêt tout personnel de Hugo pour Stésichore.